Rappelons ensuite quelques étapes clés de l'histoire des Chasseurs Ardennais:


Le carrefour où le Roi fut accueilli et monta son cheval Titanic (petite photo ci-dessous) Centre de la cérémonie
Vue aujourd'hui du site de la grandiose cérémonie



Vers 10h00, le Roi, venant de Ciergnon en voiture, s'arrête au carrefour de la route de Mersch et de la rue de Waltzing et monte son cheval Titanic. On le voit ci-dessus, à l'arrière-plan de la photo, ainsi que le même carrefour en 2004.



Vu sur une carte moderne, le plan de la cérémonie.
En bleu, le public massé depuis l'entrée de la plaine où le Roi passa de sa voiture au cheval, ainsi que à l'emplacement de la cérémonie.
En rouge, tous les Chasseurs Ardennais et Cyclistes (à pied), tels qu'ils étaient rassemblés sous les ordres du Général Verhavert. La musique se trouvait sur le petit côté, au coin sud du dispositif.
En vert, la tribune où se trouvaient de nombreuses autorités de l'Etat, de la Province et de la ville d'Arlon. Parmi les spectateurs se trouvait le Ministre de l'Intérieur, futur Premier Hubert Pierlot, non à la tribune, mais avec la Fraternelle des anciens du 10e de Ligne, au sein duquel il avait combattu en 1914-18. M. Devèze, Ministre de la Défense nationale accompagnait le Roi.



Devant la musique dirigée par le lieutenant Wilmet, le Gouverneur de la Province de Luxembourg, Monsieur Van den Corput, accueille de Roi avant que celui-ci ne passe la revue des troupes.



Les troupes rassemblées, au milieu desquelles se trouve le drapeau du 10e de Ligne porté par le Lt Schouveller, sont passées en revue par le Roi. L'ombre montre que le Roi se déplace du sud-ouest vers le nord-est.
Trois militaires nous semblent étranges - voire étrangers - sur cette photographie: à gauche, le cavalier, et à droite, l'homme à pied, portent un képi plus français que belge. De qui s'agit-il? De même, l'homme à pied en arrière du cavalier de gauche, a le béret incliné du mauvais côté - ce ne serait donc pas un Belge non plus...



La même revue des troupes par le Roi, vue sous un autre angle. Ici, le Roi salue l'officier commandant le nouveau détachement qu'il aborde. Cette vue permet de voir la tenue et l'alignement impeccables des hommes, rentrés la veille d'un exercice en terrain libre, et n'ayant probablement pu faire qu'une répétition très sommaire de la cérémonie.




Le salut du Roi vu par les hommes du rang.

Contrechamp de l'image précédente rendant très bien l'impression de prestance donnée par l'homme à cheval vis-à-vis de celui qui est au sol.
Le piéton à gauche ne serait-il pas le photographe auteur de l'image précédente?


Allocution prononcée par le roi Léopold III devant les Chasseurs Ardennais et leurs invités

A l'issue de la revue, le Roi resta à cheval, pour être bien vu de tous, et prononça ces mots:
Officiers, Sous-Officiers, Soldats des Chasseurs Ardennais,
Les drapeaux que je vous remets aujourd'hui sont ceux des régiments appelés, en cas de mobilisation, à être constitués par vos bataillons.
Ces emblèmes sacrés vous sont confiés en dépôt. C'est autour d'eux que se rallieraient, le jour où la patrie serait menacée, les 1er, 2e et 3e régiments de Chasseurs Ardennais.
Je vous les donne avec la plus entière confiance, car je connais les sentiments élevés qui vous animent, et particulièrement votre profond attachement à la Patrie.
Dès avant la création de vas unités, l'opinion publique vous a témoigné une attention exceptionnelle et le gouvernement, en la personne du ministre de la Défense nationale, s'est plu à déployer à votre égard une sollicitude et une libéralité que vous envient les autres corps de l'armée.
En vous attribuant un poste d'honneur à la frontière, la Nation fonde sur vous les plus grands espoirs. Vous les justifierez, je n'en doute pas, par votre esprit de discipline, votre habileté tactique, vos capacités manœuvrières et par l'ardeur à vous préparer à la lourde mission qui peut vous incomber.
Dans l'exécution vigilante et persévérante de votre tâche, vous poursuivrez la tradition glorieuse du 10e Régiment de Ligne, dont vous êtes issus, et qui fit preuve d'un si belle conduite en 1914, dès son premier choc avec l'envahisseur à la bataille de Namur.
Officiers, Sous-Officiers, Soldats des bataillons de Chasseurs Ardennais, je vous confie ces drapeaux dont les destinées sont désormais liées aux vôtres. A vous d'en faire de glorieux emblèmes, car la gloire d'un drapeau est faite de la bravoure, de l'héroïsme et du sacrifice de ceux qui servent sous ses plis.




Ci-dessus, le Roi et les trois officiers qui vont lui présenter les drapeaux; de gauche à droite, Capt Bricart, Lt Dhueren et Lt Peel. Déjà le Roi tend la main pour prendre le premier drapeau; dans un instant, au moment où le Capt Bricart a lâché le drapeau et où le Roi le tient, un coup de vent pousse la soie devant les yeux du cheval qui va se cabrer. Le Roi commence par le maîtriser puis décide de mettre pied à terre et de poursuivre les opérations au sol. (photo Arlon-Carrefour 19 septembre 1984)

Le Roi procéda ensuite à la remise des drapeaux aux trois "Détachements mixtes de Chasseurs Ardennais". Il était prévu que cette remise se ferait, le Roi étant à cheval, comme il l'avait fait précédemment pour des unités de Cavalerie. Le drapeau d'infanterie est cependant nettement plus grand et plus lourd que l'étendard de cavalerie. De plus, le vent s'engouffrant dans la soie du premier des trois drapeaux le fit s'incliner, ce qui effraya le cheval. Le Roi décida aussitôt de mettre pied à terre pour la remise des drapeaux.
Il fut donc procédé comme suit:

Cet instantané se situe au moment où:


NB: Selon le GenMaj L. Champion, présent dans les rangs à Waltzing, "C'est d'abord au capitaine Bricart de s'avancer avec le drapeau du 1er régiment." et plus loin: "Très calme, le roi descend de cheval et achève de remettre le drapeau au major Massonnet, avant de procéder aux mêmes devoirs pour les emblèmes des 2e et 3e régiments, que lui présentent respectivement les lieutenants Dhuren et Peel."
D'autre part, selon le Col BEM E. Gillet, à l'époque porte-drapeau du 3ChA, "le Roi à cheval devant le front des troupes vient de recevoir notre emblème. Il est bien en selle, les rênes serrées dans la main droite, le drapeau (la hampe) dans la main gauche. Tout à fait subitement, le vent a-t-il gonflé le drapeau? le cheval se cabre. Le Roi est magnifique. Il reste sur place, maintenant la bête bien en place et la hampe bien en main jusqu’au moment où l’animal semble être maîtrisé. Le Colonel s’approche et le Roi lui remet le drapeau, il est souriant."
La célèbre photographie ci-dessus - prêtée par Madame Dhueren au Professeur d'histoire Jean-Marie Triffaux, auteur du livre "Arlon 1939-45" et reproduite dans cet ouvrage - nous fait pencher pour la version Col Gillet. En effet, le LtCol Robert et les Maj BEM De Neckere et Massonnet, ainsi que le Lt Dhueren y sont reconnaissables, tandis que le Roi est au sol et que le cheval est éloigné par un aide.








Autre instantané qui suit le précédent de quelques secondes.
Le Roi, qui vient de recevoir le drapeau du futur 2ChA du Lt Dueren, le remet au Chef de Corps, le major BEM De Neckere.



Tout le monde salue, y compris le Roi: les familiers des cérémonies militaires auront reconnu la scène! Il s'agit du "Fermez le ban".
Les Chefs de Corps ont maintenant confié les trois drapeaux aux officiers porte-drapeau, de gauche à droite, le Capt Krack, 1ChA, le Lt Régnier, 2ChA et le Lt Gillet, 3ChA. On se demande seulement ce que fait à gauche cet autre cheval, apparemment récalcitrant, et dont le cavalier ne salue pas.





Le Roi, à pied, marche vers la tribune, qu'il salue déjà de loin.
A ses côtés, le ministre de la Défense, Albert Devèze, ardent partisan de la défense à la frontière et véritable créateur des Chasseurs Ardennais.



La cérémonie est terminée et les troupes se mettent en place pour le défilé. C'est le moment où les invités se dérouillent les jambes, moment de détente que le Roi partage avec le Gouverneur de la Province, tandis que le Ministre Devèze, au centre, est en train de changer de groupe.


...


Les deux images que nous avons pu trouver du beau défilé qui clôtura la cérémonie et qui conduisit les troupes depuis la plaine de Waltzing jusqu'à la place Léopold, avec un arrêt au monument du 10e de Ligne; où le Ministre de la Défense déposa une gerbe. C'est le LtCol BEM Chardome qui commandait le défilé.
On remarquera les mitrailleuses portées à l'épaule, ainsi que la foule, au fond des deux images.



Le lendemain, dimanche 16 septembre 1934, le drapeau du 10e de Ligne fut salué une dernière fois par les Chasseurs Ardennais des trois groupements. Il prit ensuite le train pour Bruxelles et, toujours porté par le Lt Schouveller, fut solennellement remis au Musée de l'Armée.


Les trois drapeaux reçus à Waltzing, porteurs des cinq citations acquises par le 10e de Ligne en 1914-18, furent brûlés le 28 mai 1940, afin de n'être pas susceptibles de tomber aux mains de l'ennemi.
Les citations Ardennes, Vinkt, La Dendre, la Lys, Canal Albert et Belgique 1940 seront attribuées après 1946 aux diverses unités de Chasseurs Ardennais de 1940.
Les cinq citations du 10e de Ligne, ainsi que les trois premières ci-dessus, figurent aujourd'hui sur le drapeau de notre Régiment, héritier des trois groupements mixtes de 1934, puis des trois régiments qui leur succédèrent.



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